FONTAINE VIEILLE DE St ANTOINE
Histoire
Cette zone de la commune de Toudon était certainement le château d’eau du village.
Elle se situait au débouché du sentier venant du Gandalet, Peira Fouquin qui suivait le tracé d’un vieux chemin romain.
L’origine de cette fontaine est inconnue.
L’ensemble, taillé dans la pierre, représente une femme soutenant par les épaules deux enfants, les trois personnages sont représentés la tête en bas, et par leur bouche coulait la fontaine.
Le tout est surmonté de la croix de Savoie, et la présence de cette croix permet peut être de dater cette fontaine (après 1388 date de la cession du Conté de Nice à la maison de Savoie).
Le thème des personnages, la tête en bas, rappelle le crime des Templiers* accusés de simonie en 1307 (du mage Simon qui avait tenté d’acheter aux apôtres le pouvoir de faire des miracles).
Ce thème de personnages, précipités en enfer, retrouve dans un grand nombre de tableaux ou sculptures (ex : chapelle des Fontaines au-dessus de la Brigue, chapiteau dans la cathédrale d’Autun, etc…)
Bibliographie
Source texte et photos : Monique ALZIAL BRUN
FONTAINE VIEILLE DE St ANTOINE ET SEXUALITÉ ?
Préambule
La fontaine du Mannekenpis à Bruxelles est mondialement connue.
Mais les fontaines dont la décoration est à caractère sexuel sont relativement rares, peut être du fait qu’elles ont exposées à la vue de tous et pour ne pas choquer les gens.
Les fontaines présentent des décorations très diverses. On peut voir souvent entourant le tuyau de sortie de l’eau des têtes d’homme ou d’animaux, lion par exemple, ou des têtes de monstres. On voit aussi des sculptures plus directement liées à l’eau: poissons, particulièrement dauphins. A Nice on peut admirer la très belle fontaine des tritons.
Les décorations montrent aussi parfois des femmes versant par exemple l’eau de la fontaine à partir d’une cruche.
Mais il existe quelques fontaines évoquant des motifs à connotation sexuelle ou de fécondité.
Fontaine Vieille de Saint ANTOINE à l’entrée du village
La décoration de cette fontaine pose plusieurs questions.
A-t-elle été conçue à l’origine pour cet emplacement ou bien a-t-elle été mise à cet endroit en réemploi ?
La présence d’une croix désaxée par rapport à la fontaine pourrait faire penser à cette dernière hypothèse, car la pierre semble provenir d’un linteau.
La sculpture est assez dégradée. Est-ce l’effet des intempéries ou bien a-t-elle été martelée pour atténuer la crudité du motif ?
G. Brétaudeau (2), page 217, a fait un rapprochement avec le thème de Simon le magicien qui fait l’objet par ailleurs d’une étude dans ce site. Ce personnage avait la particularité de pouvoir voler.
Mais cette interprétation est erronée, car on voit nettement deux personnages la tête en bas, qui cherchent à tenir le sexe du personnage central assis et qui lui-même cherche à écarter les deux personnages. A l’époque de l’article cité, il est possible que la fontaine ait été en partie recouverte de végétation ce qui a motivé cette interprétation. Quand la fontaine fonctionnait correctement, il y avait trois jets. L’eau sortait du personnage central par la verge et par la bouche des deux personnages latéraux à peu près à même hauteur.
René Alleau (1), écrit à propos des motifs du cloître saint Trophime à Arles en Provence : « on y remarquera également quelques motifs curieux qui paraissent avoir eu une destinée hermétique…. un homme tenant par la jambe deux enfants la tête en bas. Ce dernier thème figure également dans un groupe plus complexe : une femme nue se tient debout, les jambes écartées, sur le dos d’un chien à queue de dauphin ; entre ses jambes donc sur le chien, un bébé Bacchus est assis ; la femme tient dans ses bras deux enfants la tête en bas tout en pressant ses mamelles de ses mains ».
Y a t’il un mythe correspondant à ce sujet ?
Bibliographie
Article écrit par Archeo Alpi Maritimi Cliquez ici pour retrouver l’article
(1) Alleau René, Jean Paul Clébert et autres, Guide de la Provence mystérieuse, les guides noirs, Tchou éditeur
(2) Brétaudeau Georges, mémoires de l’Institut de Préhistoire et d’Archéologie Alpes Méditerranée, Tome XLIV , 2002